« Innovez ! », l’injonction incontournable de la rentrée
Après la période estivale, il est délicat de remobiliser les apprenants au sein d’une salle de classe. Ayant souvent passé un à deux mois en entreprise, ils ont mûri dans leurs fonctions professionnelles, accentuant ainsi le décalage entre le centre de formation et le monde de l’entreprise. Comment, en tant que formateur, rendre cette transition plus harmonieuse et favoriser un retour rapide au plaisir d’apprendre ensemble ?
Une injonction fréquemment adressée aux formateurs est : « innovez ! ».
Mais comment répondre à cet impératif ? Qu’implique réellement l’innovation pédagogique, et comment se manifeste la créativité dans ce domaine ?
Face à ces interrogations, il est essentiel de clarifier les concepts.
L’innovation pédagogique ne se limite pas à l’usage de nouvelles technologies ou à l’introduction de méthodes inédites. Elle passe par une réflexion approfondie sur les processus d’apprentissage et sur les moyens de rendre ces derniers plus efficaces et engageants.
Dans le projet “1001 Parcours », nous avons exploré la facilitation comme technique d’intelligence collective au service de la pédagogie. Certains de nos collègues formateurs ont suivi une formation pour animer des groupes en intelligence collective, afin de stimuler cette créativité pédagogique et favoriser l’engagement des apprenants. Cette approche permet de créer un espace où chacun peut contribuer avec ses idées, ses expériences et ses perspectives, enrichissant ainsi le processus d’apprentissage collectif.
La facilitation se présente ainsi comme un des moyens potentiels pour encourager cette créativité. Concrètement, elle consiste à naviguer entre la diversité des idées pour les orienter vers des solutions innovantes. Par exemple, un formateur peut se questionner sur l’animation d’un groupe-classe. Comment faire pour animer un groupe hétérogène en présentiel ? Il va dans un premier temps identifier des idées divergentes, c’est-à-dire soit des méthodes pédagogiques, soit des outils numériques comme Genially ou H5P, ou même les deux. Ensuite, il va faire converger ces idées vers des approches novatrices, permettant ainsi d’adapter son enseignement aux besoins et aux attentes de son groupe.
Bien évidemment, il convient aussi de réfléchir aux objectifs d’apprentissage. Si l’objectif est la mémorisation, des activités comme des mots croisés pourraient être adoptées, tandis que pour la compréhension, des textes à trous pourraient être choisis. Ces démarches illustrent des pensées divergentes, qui, une fois structurées, établissent un apprentissage plus dynamique et interactif.
Enfin, il est crucial de capter l’intérêt des élèves en explorant les codes narratifs et les scénarios familiers. L’idée est d’allier une exploration de l’environnement professionnel pour identifier les outils pédagogiques adéquats avec une compréhension de l’univers des apprenants afin de réutiliser leurs propres codes. Par exemple, avec l’outil Genial-ly, on trouve des univers proches du gaming (comme Mario ou Invader), de la science-fiction (avec maître Yoda de Star Wars) ou des réseaux sociaux (avec des modèles inspirés d’Instagram).
En somme, la facilitation en tant qu’outil d’animation pédagogique repose sur l’équilibre entre l’innovation et l’adaptation aux besoins spécifiques des apprenants. En utilisant des techniques variées et en s’appropriant les codes et outils qui parlent à ses apprenants, le formateur peut non seulement atténuer le décalage entre la salle de classe et l’entreprise, mais également favoriser un environnement où le plaisir d’apprendre ensemble est renouvelé. Ainsi, l’innovation pédagogique devient une véritable dynamique collaborative, propice à un apprentissage durable et enrichissant pour tous.