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Notre retour sur le salon Learning Technologies 2025

Le salon Learning Technologies France 2025 a rassemblé plus de 250 exposants et 200 intervenants spécialisés dans l’univers de la formation. Une occasion pour notre équipe d’explorer les tendances émergentes, mais aussi de questionner les équilibres entre ces tendances et leur intérêt pédagogique. 

 

L’intelligence artificielle (IA) dans la formation : une efficacité à double tranchant

Sur les stands installés le long des nombreuses allées et couloirs du salon, les outils d’IA ont quasiment monopolisé l’espace. Ces solutions promettent, pour un certain nombre d’entre elles, de révolutionner le secteur en automatisant des tâches souvent chronophages : rédaction d’objectifs pédagogiques en seulement quelques secondes, conception de supports pédagogiques en quelques minutes, de même concernant le séquencement de modules, ou l’intégration d’activités gamifiées. L’argument premier ? Gagner en rapidité et en efficacité pour répondre à des enjeux récents.

 

Cependant, derrière ces promesses se cachent des limites, nous semble-t-il. Si certaines plateformes peuvent impressionner par leur rapidité de génération, nous avons constaté une tendance à la standardisation des contenus, au détriment de la singularité propre à chaque individu, qui fait pourtant la richesse de tout apprentissage.

 

Adapter la formation aux réalités des apprenants : un défi humain avant tout

Au-delà des promesses technologiques, les besoins concrets des apprenants rappellent que l’apprentissage reste en premier lieu une affaire humaine.

 

Lors d’une des nombreuses présentations organisées lors du salon, l’IFOP a illustré cette réalité humaine à travers les défis rencontrés par un certain nombre de professionnels de terrain, tels que des travailleurs issus du domaine socio-médical, des métiers de la vente ou des ouvriers. Parmi eux, beaucoup expriment le besoin de monter en compétences pour évoluer ou se projeter professionnellement, mais se heurtent à un manque de temps pour suivre des formations lorsqu’ils le souhaitent. En ce sens, nombre d’entre eux estiment que le choix de la modalité est déterminant, le temps étant un facteur clé. Ils estiment également apprendre plus efficacement au contact de leurs collègues, valorisant ainsi l’apprentissage collaboratif.

 

Ces éléments nous rappellent que ce public, comme tout public, mérite une attention particulière dans les stratégies et choix pédagogiques à déployer pour répondre à ses besoins. En cela, nous constatons que les notions de créativité et d’adaptabilité sont essentielles, et que les solutions d’IA comme celles décrites précédemment ne peuvent suffire à elles seules à proposer des offres entièrement efficaces dans le fond.

 

Solutions hybrides : allier technologie et réflexion pédagogique

Dans cette optique de répondre aux besoins des apprenants avec agilité, des outils hybrides proposent de combiner la rapidité de l’IA à la créativité des formateurs, et se placent en tant qu’aide dans le processus de conception pédagogique. Par exemple, nous avons pu échanger avec des exposants présentant des solutions générant des séquences d’apprentissage à partir de documents existants. Ceci tout en laissant aux formateurs la liberté d’ajuster les scénarios des activités proposées, seuls ou en groupe de manière synchrone. Ce type d’outil est ici alors plus à propos du processus de conception de parcours pédagogiques que de conception de ressources pédagogiques pré-faites.

 

Dans ce type d’offre, les formateurs ne sont ainsi pas considérés comme de simples exécutants chargés de saisir de brèves informations, mais comme des architectes aux commandes de leur conception, capables d’adapter les propositions de l’IA aux besoins des apprenants

 

Le rôle du formateur à l’ère de l’IA : menace ou opportunité ?

Cette situation soulève une question cruciale : comment intégrer l’IA dans la formation sans déposséder les formateurs de leur expertise et de leur créativité ? Il nous apparaît crucial de trouver un équilibre où l’IA sert d’outil complémentaire, permettant aux formateurs de se concentrer sur des aspects plus stratégiques et relationnels de l’apprentissage. Dans cette perspective, chaque professionnel du secteur a le pouvoir (et peut-être même le devoir) d’influencer concrètement la manière dont ces solutions s’intégreront à leur pratique, en privilégiant des outils qui préservent leur rôle central dans la conception pédagogique plutôt que des formations clés en main, non toujours alignées à des stratégies précises.

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