Quand la créativité des formateurs fait éclore celle des apprenants
Dans un monde où les défis sont complexes, incertains et globaux, la créativité n’est plus un luxe réservé aux artistes ou aux génies. Elle devient une compétence essentielle — pour innover, résoudre des problèmes, mais aussi pour apprendre autrement. Et si la clé pour développer cette créativité chez les apprenants… c’était le formateur lui-même ?
L’effet miroir : des formateurs créatifs, des apprenants créatifs
Ce que nous transmettons dépasse toujours le contenu de nos cours. Nos postures, nos méthodes, notre manière d’incarner l’apprentissage laissent une empreinte durable. Un formateur qui ose sortir du cadre, proposer des dispositifs inédits, encourager l’exploration et valoriser les idées originales, agit comme un catalyseur : il donne la permission d’oser.
Créer un climat propice : En instaurant un espace bienveillant, sans jugement immédiat, où l’erreur est vue comme une étape vers la réussite, le formateur ouvre la voie à la pensée divergente, au jaillissement d’idées inattendues, à la prise de risque créatif.
Proposer des approches pédagogiques variées : jeux de rôle, scénarios, cartes conceptuelles, débats créatifs, défis interdisciplinaires… chaque activité devient une invitation à penser autrement.
La créativité n’est pas innée, elle se cultive
Loin des mythes, il faut rappeler que la créativité est une compétence qui se travaille. À travers des techniques comme l’apagogie (imaginer « la pire idée possible »), le brainstorming structuré (méthode DREAM), les six chapeaux de Bono ou la méthode ASIT, les formateurs peuvent entraîner leurs apprenants à explorer, à recombiner, à inventer.
Et c’est dans ce processus, plus que dans le résultat, que la magie opère : les étudiants prennent confiance, apprennent à gérer leurs frustrations, à réfléchir en équipe, à prototyper et tester leurs idées.
« La créativité n’est pas un bouton qu’on pousse, c’est un terrain qu’on prépare. »
Quand la pédagogie devient un laboratoire d’innovation
Quand la géographie devient une aventure immersive : des étudiants en sciences humaines co-conçoivent un escape game pédagogique sur les migrations climatiques. Pour résoudre les énigmes, ils doivent mobiliser des données scientifiques, des textes de lois, des récits de terrain. Le jeu devient prétexte à exploration, discussion éthique et prise de position.
Quand le portfolio devient une œuvre d’auteur : plutôt qu’un recueil de productions figé, un formateur invite ses étudiant·es à construire un « carnet de bord créatif » de leur apprentissage. Dessins, collages, cartes mentales, lettres à soi-même, enregistrements audio… Chaque portfolio devient unique, sensible et profondément réflexif.
Quand le laboratoire devient une fabrique à idées : dans un cursus en sciences, un enseignant propose aux étudiant·es de détourner des expériences classiques pour les transformer en démonstrations publiques à destination de collégiens. À eux de concevoir des dispositifs ludiques, visuels, interactifs… La rigueur scientifique reste, mais la médiation devient un terrain d’expérimentation créative.
Et si enseigner, c’était semer des graines d’imaginaire ?
Au fond, être un formateur créatif, ce n’est pas seulement proposer des activités « fun » ou originales. C’est faire confiance à la capacité des apprenants à construire du sens, à explorer l’inconnu, à transformer leurs connaissances en idées utiles, belles et inattendues.
C’est accepter de ne pas tout maîtriser à l’avance, de co-construire, de se laisser surprendre. Et c’est là que naît une pédagogie vivante, fertile, transformatrice.